Voici une nouvelle que j'ai écrite et que je dédis au Général.
(Je vous rappelle que je suis Avocate et que cette idée à germé un jour d'audience particulièrement interminable...)
"Ainsi donc, la Réalité fut-elle amenée à comparaître devant le Tribunal des rêves.
Elle se tenait, rigide, devant le banc des accusés et cependant, un petit sourire goguenard flottait sur ses traits bouffis où étaient profondèment enfoncés des petits yeux délavés qui fixaient avec cruauté l'Assemblée se tenant devant elle;
Le défilé ininterrompu des témoins à charge se poursuivait sans relâche, accablant l'accusé d'une multitude de doléances ayant trait aux ravages qu'avait effectuée la Milice Privée de la Réalité qui, au fil des siècles, s'était agrandie au point de devenir une immense armée dont les escadrons principaux, ceux du secteur des souçis et ceux de la Branche Persécutions, étaient les principaux coupables.
Au terme du procès, le Juge, petit brouillard rêveur fatigué et mourrant, prononça le verdict : La Réalité devait être condamnée à mort.
Mais cell-ci, à l'étonnement général, éclata alors d'un rire grinçant :
- Fous que vous êtes tous, rêves informes et inutiles ! Qui croyez-vous que je sois ?!! Me pensiez-vous assez stupide pour ne pas savoir que vous tenteriez un jour une telle action ?!!"
Et sa voix éclata avec un mépris sauvage :
-Mais, pendant que vous rêviez, j'agissais, Moi, la Vérité palpable, le Réèl qui guide toute chose matérielle!! Jetez donc un regard hors de vos murs de songes, et contemplez ce que, durant votre vain procès, mon armée accomplit !!"
Avec un murmure angoissé, Juges, Jurés et Procureurs s'élancèrent vers les fenêtres et aperçurent avec consternation les ruines encore fumantes d'une ville dévastée par les bombes et les chars.
Poussant un hurlement consterné, la foule se précipita hors du Tribunal, mais une batterie de mitraillettes postées dans les rues se mit en action et faucha les derniers survivants du Monde des Rêves, tandis que la Réalité hurlait avec une joie démentielle :
- Saluez la Reine !! Mon coup d'état a été courronné de succès !! je suis le Dictateur suprême, l'Unique de ce Monde!! Nul désormais ne pourra plus fuir mon royaume. je chasse les fous, je chasse les poètes, les dormeurs, les rêveurs !!!! ah! ah! ah!"
Et, couronnée de toute la puissance que lui conférait désormais sa suprême autorité, la Réalité fit investir la moindre parcelle du monde des Rêves par d'entiers régiments de pénibles entités qui crachèrent dans l'esprit des humais le fiel du Réèl dans toute son horreur.
Il ne fallut guère de temps pour que les humains ne réagissent à cette dictature par un état mental des plus chaotique, mais nul oubli, nulle fuite ne s'offrait à eux pour adoucir cet emprisonnement quotidien dans ce monde régi par une réalité qui cernait et ensevelissait le moindre espoir de repos et d'oubli.
L'alcool, la drogue n'apportaient nulle ivresse, les visions étaient mortes, le sommeil était néant et si les esprits épuisés des humains endormis s'écartaient en quête de quelques rêves apaisant, ils n'aboutissaient en fin de compte qu'à d'odieux cauchemars qui se faisaient la grimace insoutenable du monde réèl.
Ainsi la vie devint-elle rapidement insuportable et les ners à vifs devinrent violence, haine ; les suicidés ne se comptaient plus et les survivants se tournèrent vers la guerre.
Il arriva ainsi un moment où un névropate plus névrotique encore que le reste des déments composant le reste de l'humanité se sentit contraint de mettre un terme à l'existence cauchemardesque des nations et appuya sur un fatidide petit bouton rouge.
Il ne fallut plus que quelques jours pour que, à la suite d'une remarquable réaction en chaîne, il n'exista plus un seul être vivant sur toute la planète.
Assise, seule, son son trône, la Réalité, étudiant ses shémas et ses diagrammes, releva la tête et soupira : il n'y avait plus de rêves, mais il n'y avait plus d'être vivants non plus.
Fixant un point dans le néant, ses yeux devinrent vagues et elle se mit à rêver pour l'éternité ....